Media and Digital Institute

Reporter Sans Frontières appelle à soutenir les journalistes traitant des droits des femmes et des violences basées sur le genre

EuTambém au Brésil, #WoYeShi en Chine, #UnVioladorEnTuCamino au Chili #Masaktach au Maroc, en passant par الناجيات_نصدق# en Égypte … Depuis sept ans, les réseaux sociaux et la presse ont profondément été transformés par la publication, le 5 octobre 2017 dans le New York Times, de la première enquête sur l’affaire Harvey Weinstein.

Le mouvement #MeToo a été lancé en 2006 par l’activiste africaine-américaine Tarana Burke, et depuis lors, la déferlante est mondiale. Dans un rapport publié le 21 octobre 2024, intitulé « Le journalisme à l’ère #MeToo », Reporters sans frontières (RSF) s’intéresse à son impact sur le monde médiatique : pratiques journalistiques remises en question, nouveaux médias créés, mais aussi dangers encourus par les journalistes couvrant les droits des femmes.

Ce sont au total cent douze pays qui ont été sondés par l’enquête et plus de 80 % des 113 journalistes interrogés observent une augmentation des sujets concernant le genre, les violences sexuelles, et les droits des femmes.

En effet, cette évolution a permis l’émergence de nouveaux médias comme Copadas au Chili, Ruda au Guatemala, Jeem au Liban, la Déferlante en France… et de nouvelles voix, tout en rendant plus visible la réalité des violences faites aux femmes.

La presse généraliste a également adhéré à ce mouvement en créant notamment de nouveaux modèles de journalisme et en inventant même de nouveaux métiers comme gender editor dont la mission est de veiller à la mixité des personnes choisies comme sources, ainsi qu’à éviter les clichés sexistes dans le choix des mots et des illustrations.

Les chartes et codes éthiques se sont également multipliés pour améliorer la couverture médiatique des violences sexistes et sexuelles. Cette évolution a été accompagnée d’un renforcement de la formation des journalistes, comme en témoignent les résultats du sondage de RSF : 73% des journalistes interrogés estiment bénéficier de davantage de formations sur ces sujets.

Malgré ces progrès, plus d’un quart des journalistes considèrent que couvrir ces sujets comporte des risques. En effet, 60% d’entre eux ont été témoins de cyberharcèlement visant des confrères spécialisés dans ces domaines. Dans les régimes autoritaires, comme en Iran ou en Russie, des journalistes sont poussés à l’autocensure ou à l’exil.

Les cas les plus graves recensés par RSF, tels que l’emprisonnement de journalistes en Afghanistan et la répression de celles travaillant en Iran et en Russie, témoignent de la violence subie par celles qui couvrent les droits des femmes.

«Il s’agit d’un fléau généralisé aux quatre coins du monde », déplore Anne Bocandé, directrice éditoriale de RSF.

Un constat alarmant émerge du sondage, en effet 93% des journalistes sondés ignorent tout cas de condamnation pour des attaques visant ceux qui enquêtent sur les violences sexistes.

« Même si des avancées ont été faites, la situation reste préoccupante », rappelle Anne Bocandé.

À l’issue de son rapport, Reporter Sans Frontière formule seize recommandations aux États, plateformes, rédactions et autorités policières et judiciaires, afin de soutenir au mieux et garantir la protection des journalistes travaillant sur ces sujets.

MDI est engagé à soutenir les droits des femmes et à lutter contre les VBG à travers nos différents programmes.

Lire le rapport sur RSF

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